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LE NEUHOF, « UN COIN QUI SOURIT PLUS QUE D’AUTRES »

 ARTICLE ENVOYÉ ET PUBLIÉ PAR UN HABITANT EN MAI 2015 SUR PLANÈTE NEUHOF, un peu d’histoire sur notre quartier.

Début du 20 ème siècle lorsque l’Alsace appartenait à l’empire allemand entre 1870 et 1918

Pourquoi habitons-nous tous au Neuhof ?

Le Neuhof se caractérise par sa diversité. Celle-ci est culturelle, linguistique mais aussi géographique. Les différents lieux du Neuhof marquent cet aspect mosaïque de notre quartier. Le Stockfeld, la Ganzau, la Kibitzenau, le Polygone sont autant de noms, endroits qui évoquent des souvenirs, sont marqués par des histoires parfois uniques. On pense naturellement, à la Ganzau, lieu-dit qui date du XIVe siècle, au Stockfeld avec sa cité-jardin inscrite aux monuments historiques depuis 1996 (un article sera consacré à cette dernière).  Hors ces derniers font figure de plus en plus de blocs, de moyen d’évacuer l’appellation Neuhof. Mais ont-ils pour autant vocation à remplacer le Neuhof ?

 Réhabiliter le nom de notre quartier…

Ce nom a, en effet, aujourd’hui une représentation négative dans la tête des habitants. Les voitures brûlées, les agressions, l’économie souterraine ont naturellement participé à connoter ce terme. Phénomène accentué par des médias qui ont, souvent volontairement, choisi de s’arrêter sur ces problématiques. Il ne s’agit pas ici de minorer ces problèmes mais plutôt de réhabiliter le nom de notre quartier.  Des raisons historiques expliquent effectivement le port de celui-ci. Débutons par un peu de sémantique.

Dès le XVème siècle, le « Neue Hoff »…

Le Neuhof vient naturellement de l’allemand,  Neue Hoff, qu’on peut traduire par « nouvelle ferme ». Ce nom apparaît, d’après l’historien André Humm, en 1424 dans une source d’époque. Cette ferme a connu de nombreux propriétaires mais c’est avec l’arrivée des jésuites en 1699 qu’elle prend une place décisive dans l’histoire de notre quartier. Le Neue hoff devient alors un espace de cristallisation qui donne naissance à un petit noyau villageois, atteignant environ 200 âmes au  XVIIIe siècle. Grosso modo cette ferme se trouvait à l’emplacement de l’église St Ignace (nom du fondateur de l’ordre des jésuites, autre référence à ces derniers la rue des jésuites, globalement située du côté des terres cultivables de l’ancienne ferme, Jesuitenfeld). Un petit village s’est donc formé mais reste sous autorité de la ville, son statut est celui d’un faubourg. Les nouveaux habitants devaient demander l’autorisation de la ville pour s’y installer.

L’arrivée du tramway…en 1880

Le village s’agrandit au XIXe siècle. Un développement facilité par le raccordement progressif à la ville (notamment avec l’arrivée de l’ancien tramway dans les années 1880), le Neuhof est alors doté des deux églises actuelles du Vieux-Neuhof, des deux écoles l’une catholique et l’autre protestante (actuellement A pour la première, B la deuxième), d’institutions charitables (l’orphelinat protestant, l’institut des sourds et muets). En 1861, on y compte alors 2000 habitants. Mais c’est au XXe siècle que le Neuhof connaît les extensions les plus importantes. Ces dernières sont naturellement marquées par la cité-jardin de 1911 et la construction par étape des grands ensembles à partir des années 1950.

Un coté Patchwork…

Vous l’aurez compris, nier ce nom amènerait à faire table rase d’une partie déterminante de l’histoire du quartier. Les lieux-dits sont un patrimoine et révèlent ce côté un peu patchwork du Neuhof. Mais pour appréhender cette diversité, lui donner un sens, il nous faut un dénominateur commun. Il est tout trouvé, c’est cette ferme qui a rendu possible la naissance d’une communauté de destin. Tel que l’explique le géographe Armand Frémond dans sa préface de son livre, « la région, un espace vécu », au temps de la mondialisation, d’une circulation très fluide des informations qui brouillent la frontière entre le réel et l’imaginaire, les hommes ont de plus en plus besoin de territoires de stabilité. Le quartier dans une ville a la même fonction qu’un village, en permettant de tisser des liens, des solidarités à une échelle humaine.

Bref, redonnons une vitalité à ce vers  d’Horace, cité par l’historien Rodolphe Reuss lorsqu’il parlait du Neuhof : « Ce coin me sourit plus que tout autre ». A noter pour l’anecdote, que celui-ci avait consacré un ouvrage sur l’histoire du Neuhof, Geschichte des Neuhofes bei Strassburg, publié en 1884.

 Image extraite du livre, Neuhof, un village aux portes de Strasbourg.

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