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LA CITE-JARDIN DU STOCKFELD, UNE UTOPIE DEVENUE RÉALITÉ ? 1er épisode

En matière d’urbanisme et d’architecture, l’UTOPIE a, de tout temps, motivé et animé les acteurs et les concepteurs de la ville…

150806 stockfeld

Fourrier, Godin, Le Corbusier, et bien d’autres, ont imaginé, voir réalisé pour certains des cités où le bonheur de l’homme était primordial. 

Au Stockfeld, notre « cité-jardin » a bénéficié de la même inspiration utopiste. Jonathan retrace pour nous cette aventure, que nous vous présenterons en deux parties.

Bonne lecture, et n’hésitez pas à nous envoyer des anecdotes ou des éléments historiques complémentaires sur ce morceau du Neuhof particulier. 

trois aimants Howard

Une des premières d’Europe continentale…

Inscrite au Monuments historiques depuis 1996, la cité-jardin du Stockfeld est née à l’origine pour les habitants délogés par la « Grande percée » (qui visait à démolir les immeubles insalubres et paupérisés du centre ville en 1910). Elle a été construite entre 1910 et 1912 sous l’Empire allemand (1870-1918) sur le projet de l’architecte Edouard Schimpf par la coopérative SOCOLOPO. ( Société Coopérative de Logements Populaires). Au-delà du patrimoine urbain spécifique de celle-ci, sa réalisation a crée un attachement, voir une identité par rapport au lieu.

photos anciennes cité-jardin Stockfeld

D’une Utopie Britannique…

Un nom à retenir, celui d’Ebenezer Howard (1850-1928), inventeur du concept de cité-jardin en 1898. Utopiste britannique, son idée était une réaction à la création des villes industrielles et du monstre urbain que devenait Londres dans l’Angleterre victorienne industrialisée. L’objectif du Philanthrope était de ramener le peuple à la terre, la ruralité étant considérée comme pure, l’incarnation de Dieu à l’opposé de la ville industrielle lieu de pauvreté  et de tous les vices. L’auteur n’était, néanmoins, pas complètement urbaphobe, comprenant les besoins du progrès, l’évolution de la société et les inconvénients de la campagne (manque de distraction, insalubrité, eau parfois non potable). C’est pourquoi il a développé le concept de ville-campagne résumé dans son célèbre dessin des « trois aimants ». Il s’agissait d’allier avantages de la ville et de la campagne. C’est-à-dire le bel environnement qu’offrait la campagne et les qualités de la ville (créatrice de sociabilité, lieu des arts, de la culture, des perspectives d’emplois dans les usines etc…).

Son concept a, cependant,  évolué dans la pratique. En effet, peu de villes ont été fondées suivant ce modèle (à l’exception de Letchworth Garden city et Welwyn Garden city en Angleterre). Dans la réalité, celui-ci a influencé des aménagements qui prennent la forme, en Europe continentale, de faubourg-jardin à visée sociale pour répondre aux enjeux nouveaux de l’urbanisation et de l’étalement urbain. La cité-jardin est en cela un bon exemple.

…à une cité-jardin germano-alsacienne!

            Le faubourg-jardin du Stockfeld ou Gartenvorstadt est respectueux du travail de l’utopiste. Edouard Schimpf a reconstitué la trame de petites maisons, dominées par des espaces verts. Modèle urbain qui permettait aux familles nouvellement logées, d’avoir des logements plus confortables, beaux, à taille humaine dans un cadre bucolique.  Il avait également l’intérêt de s’intégrer dans le paysage de l’époque. Encore bien conservé et visible actuellement (dans la partie du vieux-Neuhof), le quartier du Neuhof avait l’aspect d’un village alsacien en périphérie de la ville avec des habitants attachés à une culture villageoise alsacienne. Aussi, les bâtiments et l’organisation respectaient le caractère alsacien et rural du lieu, comme le décrit bien Stéphane Jonas, sociologue de l’urbain dans une conférence :« Ils étaient dessinés avec chaleur, dans la tradition pittoresque rurale alsacienne et du mouvement Heimatschutz du sud : colombages, auvent , pignon, bois apparent, combles aménagés, toitures brisées à  2 et à 4 pans, têtes d’escaliers différentes, volets en bois décorés, cheminées, noues, tourelles, mansardes en pierre taillée, etc. La manière dont les architectes Schimpf et Zimmerle ont conçu les rues, les passages, les placettes, les immeubles et leurs façades et modénatures et leur mise en scène semi-rurale donnent au Stockfeld un ton, une atmosphère, une ambiance et un aspect pittoresques, ne détonnant cependant pas dans la banlieue sud populaire strasbourgeoise, peuplée par une génération encore attachée aux valeurs rurales et à la culture villageoise alsacienne. ».  

Cette atmosphère  a tout de même contribué à créer une identité spécifique au site que nous verrons dans un deuxième temps sur la cité-jardin du Stockfeld.

LA SUITE BIENTÔT…

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